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Cagnottes en ligne pour Gaza : que reste-t-il du mouvement de solidarité ?

Au premier abord, cette courte vidéo publiée début septembre sur Instagram ressemble à un énième clip viral relayé par l’algorithme : on s’apprête à observer le déploiement d’une spectaculaire décoration aérienne dans un jardin. Mais au bout de quelques secondes, le cadre change : les visages d’Amira Aqad et de sa fille, Zaina, apparaissent devant des tentes. Mains tournées vers la caméra, les deux Gazaouies implorent l’internaute de ne pas interrompre le visionnage. « S’il vous plaît, regardez cette vidéo jusqu’au bout. Aimez, commentez, partagez, et faites-nous des dons si vous le pouvez », continue la jeune mère.
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Le déclenchement du conflit avec Israël, le 7 octobre 2023, a rendu difficile l’accès à Internet dans la bande de Gaza. Mais depuis le mois de juin, Amira Aqad poste tout de même ces vidéos sur Instagram tous les jours, afin d’inciter les internautes à contribuer à la cagnotte ouverte pour sa famille, sur la plateforme GoFundMe. Contactée par WhatsApp, elle explique avoir dû fuir les bombardements israéliens à quatre reprises avec son mari, Yahia, Zaina et leur deuxième fille, Noor. Originaires du nord de Gaza, ils vivent désormais dans des tentes à Deir Al-Balah, dans le sud de l’enclave.
Dans la description de sa cagnotte, la jeune femme détaille les nombreux problèmes de santé de la famille : maladies intestinales, infections cutanées, carences dues au manque de nourriture… mais aussi traumatismes psychiques, liés aux nombreuses destructions et attaques. « J’ai survécu à quatre guerres violentes auparavant, mais celle-ci ne ressemble à aucune des autres », écrit-elle. Privés d’emploi par la guerre, l’ancienne comptable et son mari comptent désormais sur les dons pour couvrir les besoins de base de leurs enfants.
Comme elle, une partie des quelque deux millions de Gazaouis déplacés fondent leurs espoirs sur les cagnottes en ligne : la plateforme GoFundMe en dénombre désormais plus de 80 000 liées au conflit, selon la société contactée par Le Monde. En conséquence, celle-ci a augmenté ses exigences de vérification, et des initiatives en ligne comme « Olive Branch » ou « Butterfly Effect Project », visant à relayer autant qu’à vérifier l’honnêteté des récoltes de fonds, se sont multipliées.
Mais créer une cagnotte ne suffit pas, encore faut-il parvenir à attirer l’attention. « J’aimerais qu’une de mes vidéos atteigne un million de vues, pour m’aider à recevoir des dons rapidement », espère Amira Aqad, qui tente d’adopter au mieux les codes de réseaux sociaux. En plus d’inciter les internautes à « interagir » pour dompter l’algorithme, elle demande à des comptes plus gros de partager ses vidéos, et parodie même certaines tendances. Fin août, elle filme ainsi ses deux petites filles avec un tuyau d’arrosage, qui qualifient leur douche de fortune de « very demure, very mindful, very cutesy », en référence à la trend TikTok de l’époque.
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